Entre offre de formation refondée et travaux de grande ampleur, l’Institut universitaire de technologie (IUT) Robert Schuman est à la croisée des chemins, en route vers une nouvelle ère. Les explications de Robert Mosé, son directeur depuis le 1er décembre 2019.
« Une révolution pour les études en IUT »
La physionomie des études en IUT va bientôt changer…
A partir de la rentrée 2021, le DUT et la licence professionnelle sont fondus en un diplôme à bac +3, le « Bachelor universitaire de technologie » (BUT). Cette nouvelle offre de formation s’inscrit parfaitement dans le schéma européen et va permettre à nos jeunes d’obtenir le grade de licence. Par ailleurs, l’existence de passerelles (entrantes et sortantes) permettra aux diplômés d’envisager plus facilement des évolutions en cours de formation et d’avoir des parcours plus flexibles. Le DUT ne disparait pas complètement puisque tout étudiant inscrit en BUT obtiendra au bout de 120 crédits ECTS (deux années) un DUT nouvelle formule.
Les quelque 1 000 licences pro proposées auparavant au niveau national par les IUT sont désormais rassemblées en près de 80 parcours : à l’IUT Robert Schuman, quatorze seront proposés à nos 1 400 étudiants. Au sein de nos cinq départements1, tous les programmes pédagogiques sont ainsi revus, avec la mise en œuvre d’une approche par compétence. Nous proposerons de nouveaux parcours, dont par exemple celui de chimie industrielle.
Pourquoi cette réforme nationale ?
Elle part de cette volonté d’avoir un diplôme mieux reconnu au niveau international et d’accueillir davantage de bacheliers technologiques. En « lissant » les études sur trois ans, nous voulons favoriser l’intégration et la réussite de ces derniers. En mettant en œuvre l’approche par compétences, l’IUT devient encore plus professionnalisant. Notre idée est ainsi de favoriser l’insertion professionnelle, à l’issue de ces trois années.
Voilà un an que vous avez pris la tête de l’IUT : qu’est-ce qui vous a conduit à cette fonction ?
Je ne viens pas du monde de l’IUT : d’abord chargé de recherche au CNRS, je suis devenu professeur en poste à l’Ecole nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (Engees) de 2002 à 2019. J’ai souhaité ensuite changer de métier, et l’opportunité de la direction de l’IUT Robert Schuman s’est présentée.
J’ai découvert un monde remarquablement structuré, avec des associations et des commissions multiples (Assemblées des chefs de départements, Commission pédagogique nationale, Commission consultative nationale, Assemblée des directeurs d’IUT…), qui permettent de valoriser et défendre notre modèle.
Votre prise de poste s’est faite dans un contexte compliqué…
C’est le moins qu’on puisse dire ! La crise de la Covid-19 nous a mis à rude épreuve, personnels administratifs et techniques comme enseignants. Ces derniers ont fait preuve de résilience et d’inventivité, expérimentant capsules vidéos, utilisation de tous les supports numériques possibles (tablettes, tableaux blancs interactifs, etc.) et développant même des TP pilotés à distance ! L’IUT a depuis toujours été précurseur dans le domaine de la réussite étudiante et l’innovation pédagogique, avec notamment son C@fé – Learning Lab. Il n’en reste pas moins que le présentiel manque cruellement à l’immense majorité des étudiants et des enseignants. Il est indispensable ! Aujourd’hui, nos salles informatiques restent ouvertes à ceux qui en ont besoin. Quelques TP et examens ont pu être maintenus en présentiel. Malgré tout, nous avons conscience du risque important de décrochage chez les étudiants que cette période occasionne.
L’IUT s’est aussi doté d’un chargé de mission Développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS)…
C’était un axe fort de ma candidature à la direction. Face aux bouleversements de notre monde, on ne peut rester inactif. Je pense aussi que ces deux dimensions sont indissociables. C’est dans cet esprit que j’ai confié cette charge de mission à Jean-David Grandgeorge, enseignant du département Génie civil. Sa première tâche a été de faire un point sur les différentes actions déjà menées au sein des cinq départements.
La création de cette mission matérialise notre trajectoire vers une plus grande prise en compte de cette démarche DD&RS – bien entamée avec l’amélioration de l’efficacité énergétique de nos bâtiments, menée dans le cadre du Contrat de plan Etat-Région (CPER 2015-2020, lire encadré) et avec la mise en place des ruches et de l’écopâturage sur le site de l’IUT. La dynamique est lancée à l’échelle de l’université : on y apporte notre pierre !
Propos recueillis par Elsa Collobert
1 Chimie, Génie civil et construction durable, Information-Communication, Informatique, Techniques de commercialisation
2 Ce projet a bénéficié d’une subvention de la Région Grand Est et d’un financement Idex de l’Université de Strasbourg, pour près de 300 000 €
Bon à savoir
Marathon de travaux
En ce moment, c’est le hall Génie civil, préalablement démoli, qui est reconstruit à neuf. Le bâtiment d’enseignement qui lui est adossé (photo) subit également une restructuration lourde (désamiantage, changement des huisseries, réfection des réseaux de chaleur et de ventilation, mise en place d’une isolation et d’un nouveau bardage extérieur).Ce sera ensuite au tour des autres bâtiments de l’IUT, qui vont tous subir un important lifting. « Nous démarrons parallèlement un autre gros projet, "Pomgec"2, au sein du hall de chimie avec la mise en place de nouveaux équipements pédagogiques, qui nécessitent la remise à neuf des différents réseaux électrique, vapeur, vide et eau. Ce projet tombe à point nommé, avec la création du nouveau parcours de chimie industrielle. »
« Si toutes ces opérations sont menées à bien au cours de ce mandat, je pourrai dire que je n’ai pas perdu mon temps à la tête de l’IUT Robert Schuman ! », conclut Robert Mosé.